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Le flygskam, c’est quoi ?

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Photo by KAOTARU on Unsplash

Le « flygskam », c’est un terme suédois qui signifie littéralement la « honte de prendre l’avion ». Que ce soit par culpabilité ou par prise de conscience écologique, de plus en plus de personnes dans le monde décident de rester au sol.

Qui sont-ils et pourquoi agissent-ils ainsi ? Quelles sont les conséquences de cette tendance ? Notre façon de voyager est-elle en train de changer ?

C’est ce que nous allons voir.

 

Pourquoi arrêter de prendre l’avion ?

 

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Photo by Edvin Karlsson on Unsplash

Le flygskam est apparu en Suède, pays de l’icône de la jeunesse écolo : Greta Thunberg. L’activiste a d’ailleurs communiqué publiquement sa décision d’arrêter de voyager en avion.

Le mouvement s’est développé dans ce pays qui ne compte que 2% de climatosceptiques, mais qui prend en moyenne 5 fois plus l’avion que ses voisins. Il s’est importé dans le reste du monde mais surtout en Europe du Nord-Ouest, chez des voyageurs écolos.

L’avion produit en effet 3% des émissions mondiales de CO2, un impact équivalent à un pays comme l’Allemagne. Un aller-retour Paris-New York équivaut à 2,5 tonnes de CO2 par passager. À titre de comparaison, un français produit en moyenne 5 tonnes de CO2 par an.

C’est la combustion de kérosène dans les réacteurs qui est responsable des émissions de CO2 et du dérèglement climatique. Il n’existe à ce jour aucune solution pour limiter cet impact. Pourtant, le secteur aérien a échappé à de nombreuses initiatives écologiques comme le Protocole de Kyoto.

L’avion est le moyen de transport le plus polluant, loin devant la voiture ou le train. Cette différence vient avant tout de la distance parcourue : 2400km en moyenne, contre 300km pour les autres transports. Et pourtant : en 2018, un tiers des français a pris l’avion.

Lorsque le comportement d’une personne est en contradiction avec ses idées, on appelle ça la dissonance cognitive. Par exemple : continuer à polluer en voyageant alors qu’on souhaite protéger l’environnement.

La psychologue Frida Hylander explique le flygskam par une prise de conscience des problématiques écologiques, plutôt que par une véritable honte. Par rapport à d’autres choix écolos (comme arrêter de manger de la viande), la réduction des trajets en avion s’avère souvent plus facile.

59% des français interrogés préfèrent le train à l’avion pour des raisons écologiques. 8 français sur 10 se disent préoccupés par le dérèglement climatique et 11% ont déjà décidé de ne plus prendre l’avion.

De nouvelles solutions pour limiter l’impact écologique des voyages pourraient émerger. Mais avant de réfléchir à une nouvelle manière de se déplacer, prenons le temps d’analyser l’impact du flygskam sur l’industrie aérienne.

 

Le flygskam : une vraie tendance ?

 

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Photo by Pero Kalimero on Unsplash

On pourrait penser que le flygskam fait baisser le nombre de voyageurs dans les airs. L’effet Greta Thunberg serait alors responsable d’un véritable changement d’habitude.

Les prévisions de croissance du trafic aérien sont revues à la baisse. On fait des pétitions pour limiter les voyages professionnels en avion. La SNCF voit un record d’utilisation à l’été 2019. Pourtant, le flygskam et ses adeptes sont loin de faire trembler les compagnies aériennes.

En effet, on compte 38 millions de vols commerciaux par an dans le monde. Le trafic a connu un record en 2018, avec 4 milliards de passagers et une hausse de 43% en 10 ans. Soit un peu plus d’un vol par seconde.

L’avion est un plaisir coupable dont même les écolos ont du mal à se passer. 35% des français se sentent incapables de ne plus prendre l’avion pour leurs loisirs.

La génération Easy Jet a connu l’envol du low cost et les billets d’avion à bas prix aux débuts des années 2000. Souvent, l’avion est moins cher que le train, ce qui permet aux classes moyennes de partir en vacances.

Pourtant, ce sont les classes supérieures qui voyagent le plus et qui banalisent l’avion. Ce moyen de transport reste encore aujourd’hui un marqueur social. 53% des cadres supérieurs ont pris l’avion en 2016, contre seulement 19% des ouvriers. Si l’avion pollue, ce sont surtout les plus riches qui polluent.

 

Voyager en étant écolo, c’est possible ?

 

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Photo by Ishan @seefromthesky on Unsplash

Pour être écolo, je ne vais pas te mentir, le mieux serait d’arrêter l’avion. Ou au moins, le limiter au strict minimum. Mais si tu ne t’en sens pas capable, il existe d’autres moyens de voyager un peu plus vert.

Les compagnies aériennes commencent à prendre conscience de cet élan écologique et mettent au point des solutions plus responsables. La première démarche du voyageur écolo est donc de bien choisir avec qui voler.

Éviter Ryanair, par exemple, qui fait partie des 10 plus gros pollueurs d’Europe. Privilégier des compagnies comme Finnair, engagée dans l’aviation éco-responsable, Volotea qui prévoit son premier avion hybride pour 2030, ou Norwegian Air qui utilise du bio-carburant.

Tout au long du voyage, il est possible de faire des choix écolos. Voyager léger, par exemple : 1kg en moins à bord de tous les avions d’Air France, c’est 69 tonnes de CO2 économisées par an. Éviter les escales (le décollage et l’atterrissage sont les moments les plus polluants) ou voyager en classe éco permet aussi de diminuer son impact.

Enfin, passer plus de temps sur place est forcément plus écoresponsable. Le mieux est de prendre le temps de voyager afin de ne pas multiplier les vols inutiles pour des week-ends à 2h de Paris (et oui, c’est moi qui dis ça).

Lorsque tous les efforts possibles ont été fait, des sites existent pour compenser son empreinte carbone grâce à des dons auprès d’associations protectrices de l’environnement. Parmi eux, Green Tripper ou Good Planet proposent des simulateurs et un don équivalent à la distance parcourue.

 

Le flygskam se révèle donc être une réponse à la surconsommation du tourisme. Chacun est libre de trouver sa propre façon de voyager. Mais face aux nouvelles préoccupations environnementales, sociales et économiques, l’information est le premier pas vers le changement.

Et toi, tu voyages comment ?

 

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