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Paris est-elle une ville de bobo ?

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Photo by Valentin B. Kremer on Unsplash

Nous avons tous déjà entendu parler du « bobo ». Le terme apparaît en 2000 pour désigner la bourgeoisie démocrate et branché de New York. Depuis, cette expression fourre-tout s’est exportée en France et elle est devenue un nouveau pilier de tension entre Paris et la province.

Le parisien serait un pur bobo. Une tribune du New York Times déplore la transformation de Paris en ville à food trucks et bars à cocktails. La capitale aurait perdu son aura d’antan et ne serait devenue qu’une pâle copie de New York.

Pour vérifier cette hypothèse, il faut poser les bases. Qu’est-ce qu’un bobo ? Selon un sondage YouGov, les français définissent le bobo par quelqu’un de riche (mais pas assez pour être un vrai bourgeois), porteur de valeurs progressistes et bossant dans un domaine « cool » comme l’art, la culture ou la communication.

Nous cherchons donc un riche écolo gaucho cultivé et arrogant. Voici notre bobo.

Répondons maintenant à notre question : Paris est-elle une ville de bobo ?

 

Le bobo est riche

 

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Photo by Billy Huynh on Unsplash

On détermine en premier lieu le bobo par son appartenance à la classe moyenne supérieure. Le bobo ne fait pas partie de la grande bourgeoisie, n’accorde pas de valeur aux possessions, à l’épargne et à la gestion traditionnelle de ses ressources. Mais il se met quand même assez bien pour pouvoir payer son brunch du dimanche et ses vacances au Cap Ferret.

 

Vrai ou faux ?

En 2011, on comptait 1 foyer sur 10 du 16ème arrondissement de Paris éligible à l’ISF (donc blindé). La capitale est la 5ème ville la plus riche au monde et l’Île-de-France est la région la plus aisée de France. On serait donc tenté de répondre que oui, le parisien est un gros bobo.

Cependant, l’Île-de-France est aussi la région la plus inégalitaire de France. Elle comporte en effet le département le plus pauvre (la Seine-Saint-Denis) et les deux plus riches (Paris et les Hauts-de-Seine). Le parisien serait peut-être bobo, mais seulement intramuros ?

Toujours pas. À Paris, la pauvreté dispose de ses arrondissements préférés. On compte 40% de logements sociaux dans les 19ème et 20ème. On voit alors apparaître un nouveau bobo pauvre : le jeune diplômé. Un fort capital culturel pour un faible capital économique, qui l’oblige à loger dans les quartiers populaires de la capitale. Bobo oui, mais pas toujours riche.

 

Le bobo est de gauche

 

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Photo by Li-An Lim on Unsplash

En digne héritier de mai 68, le bobo serait un gaucho aux valeurs progressistes à tendance écolo. Pour Renaud, il fait « ses courses dans les marchés bios » et se déplace à vélo. Les bobos seraient un groupe social avant d’être un groupe économique. Le bobo serait plus à l’aise avec un mode de vie alternatif, à l’encontre des valeurs de ses parents. 

 

Vrai ou faux ?

Avec 84% de votants, les parisiens ont été plus mobilisés que le reste des français lors des présidentielles de 2017. Pourtant, les résultats ne démontrent pas de tendance de gauche : 34% pour Macron, 26% pour Fillon et 19% pour Mélenchon. Le parisien serait hésitant ?

En quelques années, la France est devenue plus bobo. Désormais, la pollution préoccupe plus que le chômage. 68% des français soutiennent le mariage pour tous. La majorité cherche à faire des choix de consommation plus écolos. Paris n’est pas la seule à être bobo.

On remarque quand même une tendance parisienne à s’intéresser à l’écologie. Le plus grand marché bio et écolo de France a été organisé à Paris. Une partie du cimetière d’Ivry-sur-Seine a été construit pour limiter l’empreinte carbone. Pourtant, Angers a été élue ville la plus écolo de France en 2019, Paris n’étant que 9ème. Écolo peut-être, mais pas les meilleurs.

 

Le bobo est cultivé

 

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Photo by Judith Ekedi Jangwa on Unsplash

Notre sociologue Renaud, définit les bobos comme “un peu artistes” avec un “boulot dans l’informatique, les médias”, lisant “les Inrocks et Télérama”, regardant Arte et fréquentant les musées. Le bobo a un cliché de péteux qui lui colle à la peau. Comme le parisien ?

 

Vrai ou faux ?

En 2015, l’Ile-de-France était la région la plus diplômée de France. A Paris, la moitié des 18-25 ans sont étudiants, contre seulement 30% en province. La richesse des formations entraîne à plus d’emplois qualifiés. Des métiers qui peuvent être dans le domaine culturel.

4 emplois dans la culture sur 10 sont en Ile-de-France. La plupart des grandes entreprises du spectacle, de l’audiovisuel et des médias sont à Paris. 61% de la richesse produite par la culture en France vient de Paris. Donc oui, c’est pas mal.

L’accès à la culture est également plus facile. La diversité des musées n’est plus à prouver, la Mairie de Paris multipliant les initiatives pour rendre la culture accessible à tous. Après tout, Paris est la capitale de l’art. Pourtant, les 3/4 des français se pensent plus cultivés que la moyenne. Pas besoin d’être parisien pour être snob.

 

Le bobo est parisien : et après ?

 

Admettons que le bobo soit souvent (mais pas exclusivement) parisien. Qu’est-ce que ça change pour la ville ? Au-delà d’une uniformisation des valeurs et habitudes de consommation (pas si grave si on tend vers le progressisme et l’écologie), c’est plutôt le phénomène de gentrification qui est à redouter.

De l’anglais “gentry” (petite noblesse), la gentrification est le phénomène de transformation économique et sociale d’un quartier défavorisé au profit d’une couche sociale plus aisée. En gros, c’est quand des mecs friqués viennent s’installer dans un quartier populaire parce que “c’est cool”.

Le bobo est un artiste qui n’a pas les moyens d’habiter dans le 16ème (de toute façon beaucoup trop traditionnel pour lui) ayant un attrait pour les quartiers underground. Ménilmontant, Oberkampf, Montreuil… Des quartiers avec des loyers assez bas, de la mixité culturelle et un mode de vie alternatif. Tout bénef pour notre gaucho écolo.

Plutôt sympa aussi pour l’image du quartier qui voit son blason redoré par l’apparition de boutiques branchées. Pourtant, la gentrification a des effets néfastes : les populations à faible revenu se retrouvent mises à mal par l’augmentation des loyers suite à cette nouvelle popularité. Progressivement, les locataires laissent leur place aux artistes embourgeoisés. 

Pour preuve, le nombre de cadres ne cesse d’augmenter dans les quartiers populaires du Nord-Est. Parfois, la gentrification est si violente qu’elle va jusqu’à pousser les bobos mêmes à quitter Paris, faute de revenus. 

 

Si pour certains, le bobo n’existe pas, son âme semble se confondre à celle de la Ville Lumière. Pourtant, la majorité des grandes villes françaises (Marseille, Toulouse, Bordeaux…) connaissent leur propre gentrification. Plus qu’un truc de parisien, le développement des bobos semble être un truc de français, peut-être même un truc d’époque

Derrière le terme “bobo” se cache en vérité des enjeux politiques et culturels. Le plus important étant de se rappeler que si personne ne se revendique fièrement bobo, on est tous le bobo de quelqu’un.

 

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