Les effets du manque de culture sur la santé
Depuis environ un an, la culture est à l’arrêt en France. À cause de la pandémie de COVID-19, les musées, cinémas, théâtres et salles de concert sont fermés. Mais quelles sont les conséquences de cette absence ?
Des études montrent que la culture peut avoir de réels effets sur notre santé physique et mentale. Cet arrêt brutal pourrait donc finir par peser lourd sur le moral des français.
Une baisse de moral pour les Français
Le confinement a eu de fortes répercussions sur la santé mentale des Français. Une enquête de Santé Publique France montre une évolution en termes d’anxiété, de dépression et de troubles du sommeil.
L’impact est encore plus fort chez les jeunes et les personnes précaires. 47% des 22-24 ans souffrirait de troubles anxieux.
Le bilan est désastreux. L’ennui, la monotonie et l’inaction peuvent mener aux addictions ou aux troubles alimentaires. L’isolation sociale prolongée peut créer tristesse, frustration, désespoir. Elle provoque un état de stress permanent, une dynamique autocentrée qui peut faire beaucoup de mal à l’estime de soi.
Est-ce que la réouverture des musées, cinémas et autres lieux culturels pourrait être utile pour retrouver une vie plus apaisée ?
La culture : essentielle ou non ?
Emmanuel Macron lui-même le disait en novembre dernier : « la culture est essentielle à notre vie de citoyennes et de citoyens libres ».
L’UNESCO révèle dans plusieurs publications l’importance de la culture pour établir des liens entre les communautés. Elle peut aider à lutter contre l’isolement par le partage et l’échange.
Elle permet aussi, à travers la découverte du patrimoine, de comprendre son histoire et de s’ouvrir au monde. De nombreux pays considèrent qu’elle est indispensable dans l’éducation des enfants et qu’elle est synonyme de meilleurs résultats scolaires.
D’après Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO : « la créativité renforce la résilience dont nous avons besoin en temps de crise ».
Les bienfaits de la culture sur le corps et l’esprit
Les bienfaits de la culture sur la santé mentale et physique ont été reconnus par l’OMS en 2019. Dans un rapport de plus de 900 publications scientifiques, on y apprend qu’elle permet « de gérer des problèmes de santé pénibles ou complexes ».
Le British Journal of Psychiatry declare en 2018 qu’une pratique culturelle régulière permet de réduire de 48% les risques de dépression, notamment en limitant l’isolement et l’inactivité.
L’art a d’ailleurs été beaucoup utilisé pour réduire la dose de médicaments et la convalescence de certains patients : on parle d’art-thérapie. Elle permettrait de répondre à des troubles de l’alimentation, la schizophrénie, l’anxiété, la dépression.
En 1903, le prix Nobel de médecine récompense le travail de Niels Ryberg Finsen sur la luminothérapie. Il a déjà été prouvé que la lumière a un impact sur notre moral, elle régule nos hormones et nourrit notre corps. La couleur agit de manière similaire.
La culture permet de se sentir mieux, elle améliore la qualité de vie. Elle est source d’émerveillement, d’espoir. Elle permet de s’exprimer, de prendre confiance en soi, de se forger une identité, de se retrouver autour d’une passion.
Deeyah Khan, ambassadrice de l’UNESCO dit que « dans cette période, l’art est garant de notre santé émotionnelle ».
La culture selon la science
Le contact aux œuvres d’art permettrait de libérer de la dopamine, l’hormone du plaisir. La culture aurait donc des effets relaxants, anti-stress et stimulants. Elle permettrait de lutter contre l’insomnie et le burnout.
Pour résumer, on considère que les personnes qui ont une activité culturelle, en tant qu’acteur ou spectateur, sont globalement plus heureux et en meilleure santé.
Face à une œuvre d’art, notre cerveau va transformer la lumière reflétée en signaux électriques pour déclencher une inondation de dopamine. En fait, l’art fonctionne comme un système de récompense. Le beau fait du bien.
La contemplation d’une œuvre sollicite notre cortex frontal. Si l’art nous plait, notre cerveau va nous mettre dans de meilleures conditions pour en profiter pleinement. La beauté réveille nos neurones miroirs, celles de l’empathie.
Une étude montre les effets des concerts sur le bonheur des spectateurs. D’après elle, 20 minutes de musique live suffiraient à augmenter le bien-être, l’estime de soi et l’ouverture aux autres.
À quand la réouverture ?
Pendant le confinement, beaucoup de personnes ont pu accéder à la culture sur internet. 53% d’entre eux disent que ça a été l’une des activités les plus importantes de leur confinement. Mais tout le monde ne possède pas les bonnes conditions pour accéder à des ressources culturelles en ligne.
Une enquête d’Harris Interactive réalisée à la sortie du premier confinement montre la fonction sociale de la culture et des loisirs. Les Français étaient 61% à dire que le cinéma est ce qui leur manque le plus, suivi de près par les spectacles (52 %) et les musées (46 %).
Malgré les chiffres désastreux et la précarité des employés du secteur culturel, le gouvernement semble frileux à l’idée de rouvrir les lieux culturels.
Le Ministère de la Culture a proposé des festivals à 5000 spectateurs assis cet été, mais la proposition n’a pas été très bien reçue. Des concerts tests devraient être menés à Paris et Marseille en avril.
Pourtant, 7 Français sur 10 se disent favorables à la réouverture des cinémas et des théâtres. 74% veulent rouvrir les musées. Malgré tout, 1 Français sur 5 pense qu’il ne retrouvera jamais sa vie d’avant la crise sanitaire.
On en retient quoi ?
Souvent considérée comme superficielle ou non-essentielle, la culture semble pourtant avoir un rôle dans le maintien de la santé mentale et physique des Français.
Après un an de fermeture, les professionnels du secteur n’ont plus la patience d’attendre la levée des mesures restrictives. Les manifestations et autres prises de parole se multiplient et il devient de plus en plus compliqué de justifier les règles sanitaires.
En ces temps si compliqués, la culture apparait comme une solution pour rassembler le pays, créer une cohésion et stimuler la solidarité.