Mon expérience : un séisme à Bali
En 2018, quand je suis partie à Bali, je m’attendais à être surprise. Mais je ne m’attendais clairement pas à vivre un séisme lors de mon séjour.
Il arrive parfois de vivre des choses qui valent la peine d’être racontées. Alors met-toi à l’aise et installe-toi : je te partage mon expérience.
Le contexte : un séjour paradisiaque à Bali
En 2018, je suis partie en famille à Bali, île ultra touristique d’Indonésie. J’ai un peu visité le territoire, en commençant par Kuta. J’ai ensuite bougé dans le centre à Ubud, avant de revenir sur la côte à Jimbaran. Mais revenons à Kuta, c’est là que commence notre histoire.
Le 5 août, j’étais dans un hôtel, avec vue sur la plage, entourée d’autres touristes. Je profitais de ma dernière soirée avant de partir à Ubud. Au programme : petit restaurant et cocktails dans le centre-ville.
J’étais en train de savourer un bon nasi goreng lorsque j’ai senti la table trembler. J’ai levé les yeux vers mon frère, pensant qu’il faisait bouger sa jambe pour m’embêter. Quand j’ai vu son regard, j’ai vite compris qu’il n’avait rien à voir avec le tremblement.
Puis, j’ai entendu les serveurs crier au séisme. Ce n’était sans doute pas assez explicite puisque j’ai continué à regarder autour de moi comme une abrutie, avant de réaliser ce qu’il se passait en voyant les clients sortir en courant.
Le restaurant donnait sur la rue, j’avais juste à faire trois pas pour être dehors. Les serveurs semblaient plutôt calmes – les touristes, beaucoup moins. Évidemment, aucun ne savait quoi faire. Nous avons donc attendu que ça passe, au milieu de la rue, l’air hébété.
Quand le tremblement de terre s’est calmé, j’étais sous le choc. Je pense que durant toute la soirée, jusqu’à que je me couche, j’ai pris la situation avec un tel recul que je n’ai pas réalisé. J’avais juste envie de rire nerveusement et de me ressasser ce qui venait de nous arriver.
Le séisme a en fait eu lieu à Lombok, une île indonésienne à proximité de Bali. Le 29 juillet, une semaine auparavant, un autre séisme avait déjà frappé le pays. En effet, l’Indonésie est située sur la ceinture de feu du Pacifique, une zone à activité sismique importante.
Quand nous sommes rentrés à l’hôtel, un grand nombre de clients était à l’accueil pour écourter leur séjour. Les taxis faisaient des allers-retours entre l’hôtel et l’aéroport. Il n’a jamais été question pour nous de partir, mais l’ambiance était clairement moins détendue qu’en début de séjour.
Kuta étant face à l’Océan, la menace d’un tsunami planait. Les résidents de l’hôtel étaient tous à l’accueil, puisqu’il nous était interdit de monter dans nos chambres avant d’avoir plus d’informations. Donc je suis resté en bas, à discuter avec des touristes sur la façon dont on allait tous mourir.
Les répliques pendant plusieurs jours
Le soir, quand nous avons enfin pu regagner les chambres de l’hôtel, nous avons senti les premières répliques du séisme. Et je peux te dire que quand tu es dans ton lit, au 4ème étage d’un hôtel face à la mer, avec la menace d’un tsunami qui plane, tu as la trouille. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé ce qu’il s’était passé. Et j’ai aussi réalisé que j’avais peur.
Le lendemain, comme prévu, nous quittions notre hôtel pour nous rendre à Ubud. Un grand nombre de touristes avaient choisi de partir dans le même coin, Ubud étant au centre de Bali, et donc moins à risque en termes de tsunami, puisque plus éloignée des côtes.
Dans le taxi, nous avons encore senti des répliques. À Ubud, nous avons fini par un peu oublier. Pas le séisme, évidement, puisque c’est à peu près tout ce qu’on avait en tête jusqu’à la fin du voyage. Mais plutôt le risque de récidive.
Puis, un jour, nous avons senti une autre réplique, beaucoup plus puissante que les précédentes. Nous étions en plein repas sur le toit d’un bâtiment – puisque les indonésiens semblent avoir une passion pour les lieux hauts perchés. Je mangeais (encore) mon nasi goreng et j’ai (encore) senti mon frère bouger sa jambe.
Ce qui est marrant, c’est que là encore j’ai pris une seconde avant de réaliser que sa jambe ne bougeait pas. Cette fois, on a été plus rapide à réagir, sans doute parce qu’on était en altitude et qu’un tremblement de terre en altitude, c’est VRAIMENT flippant.
Sur le coup, je n’imaginais même pas qu’il puisse s’agir d’une réplique du premier séisme (déjà, parce que j’ignorais qu’elles pouvaient arriver plusieurs jours plus tard comme ça). J’ai cru que c’était un deuxième tremblement de terre.
Mais les choses se sont vite calmées et je me suis rassise devant mon assiette. Mais ce rappel à l’ordre m’a fait redescendre de mon nuage une deuxième fois.
Les chiffres et les conséquences du séisme
Le tremblement de terre et ses répliques ont eu de grandes conséquences, à Bali comme ailleurs, allant bien au-delà de mon petit traumatisme personnel.
En une semaine, Lombok a connu deux séismes et plus d’une centaine de répliques. L’île paradisiaque, en pleine saison touristique, a vu fuir des milliers de visiteurs, au même titre que Bali ou les petites îles Gili, les plus touchées par la catastrophe.
Un nouveau séisme a eu lieu à Lombok le 19 août. En moins d’un mois, à partir du premier séisme datant du 29 juillet, on a compté plus de 800 répliques. Le tremblement de terre le plus puissant étant celui du 5 août. Tu t’en doutes, de telles catastrophes ont des conséquences.
Des conséquences humaines, pour commencer. 500 morts, des milliers de blessés, 400 000 personnes sans abri (à peu près 10% de la population de Lombok). Après le 5 août, des centaines de milliers de personnes ont dû fuir leur logement.
Le séisme a détruit des dizaines de milliers de maisons, mosquées, routes et bâtiments en tous genres. La population s’est vue privée d’eau courante, de nourriture, d’électricité. Le gouvernement a estimé les pertes matérielles à plus de 2000 milliards de roupies, environ 122 millions d’euros. 80% du territoire de Lombok a été endommagé.
Cependant, il semblerait que ce mois de séismes n’ait pas tant impacté le tourisme en Indonésie. On comptait 14 millions de touristes en 2018, soit plus de 12,5% par rapport à l’année précédente. On le sait déjà, dans la plupart des pays, les catastrophes naturelles ne semblent que très rarement impacter le tourisme international sur le long terme.
Mais les chiffres rassurants du tourisme ne compensent évidemment pas les pertes matérielles, et encore moins les pertes humaines. Un tremblement de terre, quelle qu’en soit la magnitude, reste un évènement compliqué à gérer, même dans un pays qui y est habitué.
L’Indonésie, comme beaucoup d’autres pays, ne dispose pas forcément de toutes les ressources financières nécessaires à la gestion d’un tel drame.
En ce qui me concerne, cette expérience m’a permis de me rendre compte de l’impact que pouvait avoir un tel évènement, non pas sur ma propre personne, mais sur l’ensemble d’un territoire.