Le tourisme vaccinal, c’est quoi ?
Avec l’arrivée de différents vaccins contre le COVID-19 sur le marché international, les espoirs de relance du tourisme commencent à germer. Et avec eux, de nouvelles formes de voyage qui existent sous le nom de tourisme vaccinal.
Qu’est-ce que le tourisme vaccinal, où existe-t-il et pourquoi ? S’agit-il d’un passage forcé pour accéder au tourisme de demain ? On fait le point dans cet article.
Point vaccin en Europe et en France
Actuellement, la Commission européenne a autorisé 4 vaccins : Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Janssen. La campagne de vaccination s’est accélérée dans la plupart des pays de l’Union Européenne après des débuts marqués par des retards de livraison et des pénuries ponctuelles.
Au 30 mai, 37,9 % de la population européenne avait déjà reçu sa première injection de vaccin contre le COVID-19. En France, ce chiffre est à peine inférieur (37,5%). Emmanuel Macron s’est d’ailleurs félicité fin avril de l’accélération de la vaccination dans le pays. D’après lui, la France était l’un des pays ayant le plus vacciné à cette date.
Quand on vérifie les chiffres auprès du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), on constate 17 millions de doses administrées au 21 avril. Sur les 27 États membres de l’Union Européenne, il s’agit du 10ème pays ayant administré le plus de premières doses.
Au total, on compte à cette date 24% de la population primo-vaccinée. Si on additionne les premières et secondes doses, la France atteint la 12ème place des pays les plus vaccinés de l’Union Européenne.
Le tourisme vaccinal : définition
Le tourisme vaccinal est une expression apparue début 2021 pour désigner les voyages qui comportent une escale dans un centre de vaccination. C’est une nouvelle forme de tourisme médical, qui existait déjà dans le monde entier pour des raisons variées : implants, transplantations, greffes, etc.
Certaines destinations comptent utiliser la vaccination pour relancer le tourisme sur leur territoire. Par exemple, les Maldives souhaitent lancer le programme 3V : visite, vaccin, vacances. L’idée est d’attirer les touristes avec une formule tout-en-un. L’archipel veut d’abord vacciner sa population avant de lancer le programme. 99% des professionnels du tourisme ont déjà reçu leur dose.
En effet, le tourisme représente 28% du PIB des Maldives qui accueillent habituellement 17 millions de visiteurs par an. Avec le programme 3V, le pays souhaite devenir un « paradis vaccinal » pour reprendre les mots du Ministre du Tourisme.
Cuba souhaite également finir de développer son propre vaccin, Sobrena 2 pour vacciner les touristes. Un slogan existe déjà : « Plages, Caraïbes, mojitos et vaccins ». Le pays a l’intention de vacciner 70% de sa population d’ici août pour ouvrir son vaccin aux étrangers et le commercialiser à l’international.
Une vaccination réservée aux riches ?
Les agences de voyages ont été très rapides à s’emparer du tourisme vaccinal. World Visitor, une agence norvégienne, propose ainsi un voyage en Russie, Spoutnik V inclus, avec des forfaits allant de 1400$ à 3500$. Dans ces séjours, on compte une à deux doses du vaccin russe ainsi qu’un hébergement de quelques jours.
World Visitor a profité de la rareté du vaccin en Europe et de la réouverture des frontières entre plusieurs pays, comme la Russie et l’Allemagne. Ainsi, l’agence a séduit une quarantaine de visiteurs pour son tout premier voyage en Russie le 16 avril.
En Russie toujours, la plateforme Cosmos Travel propose aux Russes habitant à l’étranger d’être rapatriés pour 3 semaines afin de recevoir leur double injection de Spoutnik V. Les formules, bientôt ouvertes aux autres nationalités, vont jusqu’à 1500€.
Mais l’offre la plus polémique est celle du Knightsbridge Circle, un club britannique de luxe proposant à ses membres une virée d’un mois à Dubaï pour recevoir leurs doses. Le tout pour la modique somme de 55 000$. Forcément, cette information a soulevé des questions d’inégalités face à la santé. Pour le même prix, on estime que 2000 personnes pourraient être vaccinées à Dubaï.
Les limites du tourisme vaccinal
Tout n’est pas rose dans le monde du tourisme vaccinal. En Floride, la population s’est indignée contre l’arrivée massive de touristes étrangers venant se faire vacciner avant les locaux. Les plus de 65 ans pouvaient effectivement se faire vacciner quel que soit leur lieu de résidence. D’après The Guardian, on compte 50 000 doses injectées.
Face à l’indignation des habitants, le gouverneur de Floride a décidé de ne rendre possible la vaccination qu’aux personnes pouvant attester d’une résidence d’au moins 3 mois au sein de l’État.
La grosse question que pose ce type de tourisme, c’est celle des inégalités sanitaires. Globetrender parle de « VIP de la vaccination » ou de « voyageurs d’élite ». Une démarche moralement discutable face à la distribution inégalitaire des vaccins dans le monde.
D’ailleurs, un homme politique canadien a récemment dû démissionner après s’être fait vacciner à Dubaï. Pour l’OMS, c’est le personnel de santé qui devrait être prioritaire pour recevoir les premières doses. Il serait également intelligent de conserver des réserves pour faire face à d’éventuelles épidémies locales.
Le tourisme vaccinal : on en retient quoi ?
S’agit-il du seul moyen pour des pays dépendant du tourisme de relancer leur économie ? Faut-il se retrouver à trier les doses, à choisir entre les populations locales et les touristes fortunés ? Existe-il un moyen de gérer cette nouvelle forme de tourisme de manière éthique et équitable ?
Pour le moment, le tourisme vaccinal est encore en phase de test. Il s’agira pour les agences de voyages et autres professionnels du tourisme d’apprendre à doser pour ne pas le transformer en nouvelle forme de dark tourism.
2 commentaires
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Doume
Ne serait-il pas logique de faire payer consultation + vaccin aux touristes en court séjour ?