Le Serpent (Netflix) : l’histoire vraie du tueur de backpackers
Envie de parcourir le monde en sac à dos ? Je connais une série qui va vous faire passer l’envie de voyager.
Depuis le 2 avril, Netflix diffuse « Le Serpent ». Huit épisodes qui racontent l’histoire de Charles Sobhraj, célèbre tueur en série. Sa cible de prédilection ? Les backpackers d’Asie du Sud-Est.
« Le Serpent » : disponible sur Netflix
La mini-série de Richard Warlow et Toby Finlay a été diffusée en exclusivité par la BBC One en janvier, avant de se retrouver sur Netflix trois mois plus tard. C’est une adaptation du livre « La trace du serpent » sorti en 1979 qui raconte l’histoire de Charles Sobhraj.
Joué par Tahar Rahim, Charles aurait assassiné une douzaine de touristes occidentaux dans les années 1970. À l’époque, les backpackers affluent sur « la route des hippies » qui s’étend de l’Afghanistan aux plages de Goa, en Inde.
L’étape ultime de ce parcours initiatique est à Katmandou au Népal, l’un des endroits clés de l’intrigue du Serpent. Charles Sobhraj tient son surnom de son caractère manipulateur et de ses nombreuses évasions spectaculaires.
Pendant des années, Charles a drogué, volé et tué des dizaines de touristes dans les quatre coins de l’Asie, aidé par ses deux complices : sa compagne Marie-Andrée Leclerc et son ami Ajay Chowdhury.
Les débuts de Charles Sobhraj
Charles Sobhraj est né en 1944 à Saïgon, en Indochine Française de l’époque. Lorsqu’il a 3 ans, ses parents se séparent et sa mère quitte le pays pour partir en France. Charles vit avec son père distant, traine dans la rue et fait ses premiers écarts à la loi.
Un an plus tard, sa mère retourne le chercher pour l’emmener en France, où elle vit avec un militaire. C’est comme ça que Charles acquiert la nationalité, mais il n’oublie pas ses mauvaises habitudes. À 19 ans, il fait ses premières années en prison pour vol de voiture.
Il finit par épouser Chantal Compagnon avec qui il part pour l’Inde en 1970. C’est à New Delhi qu’il fait son premier gros coup : il prend en otage une femme dans sa chambre d’hôtel pour braquer la bijouterie en dessous.
Il dérobe un sac de diamant avant d’être attrapé et renvoyé en prison. Là-bas, il endort ses gardiens avant de prendre la fuite. Il est finalement de nouveau arrêté et sa femme décide de repartir en France, seule avec leur fille.
Couple d’assassins : Charles et Marie-Andrée
En 1975, Charles rencontre la québécoise Marie-Andrée Leclerc, qui deviendra sa complice. Ensemble, ils partent pour Bangkok en Thaïlande pour débuter leur trafic de pierres précieuses. Ils se font appeler Alain et Monique Gautier et invitent des touristes dans leur maison pour leur voler leurs passeports.
Ensemble, Charles et Marie-Andrée droguent et volent de jeunes hippies pour revendre leurs diamants ou voyager sous leurs identités. En octobre 1975, aidé de son ami Ajay, Charles étrangle une touriste américaine sur la plage de Pattaya. Celle-ci sera retrouvée en maillot de bain, ce qui donnera plus tard naissance au surnom de « Bikini Killer ».
Les autorités concluent sur le moment à une noyade. Mais il s’agit du premier meurtre de Charles. Pendant des années, il continuera de tuer des backpackers en Thaïlande, au Vietnam, ou encore au Népal…
À l’époque, un diplomate du nom de Herman Knippenberg enquête sur la disparition de deux touristes néerlandais. Il trouve des indices qui lui permettent de remonter jusqu’à Charles Sobhraj. En 1976, le couple de tueurs est arrêté en tentant de droguer une soixantaine d’étudiants français. Ils seront emprisonnés en Inde.
Un serial killer ultra médiatisé
Emprisonné pour 12 ans, Charles prend l’habitude de donner des interviews depuis sa cellule. Il joue de sa célébrité et en profite pour gagner un peu d’argent. Marie-Andrée, quant à elle, fera 6 ans de prison avant d’être renvoyée au Québec pour des raisons de santé.
Un jour de 1986, Charles fête son anniversaire en prison. Il donne à ses gardiens des bonbons contenant des somnifères. Après les avoir drogués, il arrive à sortir de sa cellule et s’évade. Il sera rattrapé et verra sa peine rallongée de 10 ans.
À sa libération en 1997, Charles retourne en France où on l’accueille comme une célébrité. Il enchaîne les interviews et vend ses photos aux magazines. Il vit ainsi pendant quelques années avant de retourner au Népal en 2003. Le souci, c’est qu’un mandat d’arrêt existe toujours contre lui dans ce pays.
Reconnu dans la rue, Charles Sobhraj est une nouvelle fois arrêté et jugé pour le meurtre d’un couple de touristes en 1975. Il sera condamné à la perpétuité. À ce jour, à presque 80 ans, il est toujours en prison.
Un autre tueur de backpackers
Charles Sobhraj n’est pas le seul à être connu pour ses meurtres de touristes. Dans les années 1990, on retrouve plusieurs cadavres d’autostoppeuses anglaises dans une forêt d’Australie. Il s’agit de l’œuvre d’Ivan Milat, surnommé le « Backpackers Killer ».
L’Australien est arrêté en 1994 à la suite d’une lourde intervention nécessitant 50 officiers de police. À la suite d’un procès de 15 semaines, il est reconnu coupable de 7 meurtres dont 5 routards étrangers. En 1996, on le condamne à 7 peines de perpétuité assorties de 18 ans de sureté.
Tout comme Charles Sobhraj, Ivan Milat attire l’attention avec son caractère atypique. En 2009, il réussit à se couper un doigt avec un couteau en plastique, alors qu’il est toujours derrière les barreaux. Son objectif est d’envoyer celui-ci à la Haute Cour pour demander sa libération.
En 2011, il entame une grève de la faim au sein de sa prison. Cette fois-ci, il réclame une Playstation. À l’issue de ce processus, il aura perdu 25 kilos au total. Ivan Milat finit par décéder en 2019.
Hippie trail : un chemin vers le bonheur
Le mystère reste entier sur ce qui a poussé Charles Sobhraj à assassiner ces voyageurs. Il justifiait lui-même ses actes en expliquant que les backpackers pouvaient être des concurrents pour son business de pierres précieuses.
Ce qui est certain, c’est que cette période a changé le regard des Occidentaux sur le « Hippie Trail », route suivie dans les années 1970 par une jeunesse en quête de sens. Dans le Sud de Katmandou, au Népal, on trouvait ces backpackers à Freak Street. On surnommait ainsi la rue à cause des nombreuses boutiques de haschich en vente libre.
Le mouvement hippie disparaît de Freak Street à la fin des années 1970. Aujourd’hui, cette rue est redevenue ordinaire et on y a interdit la vente de drogue. Pourtant, certaines enseignes font encore allusion à cette époque si particulière…